A cœur ouvert avec Cherif Ace FATY, un géni du cinéma, un talent pur de la cité


Aujourd’hui hlmgrandyoff.com part à la découverte d’un jeune réalisateur de cinéma habitant encore inconnu de la cité, pourtant un jeune au palmarès cinématographique déjà bien garni. Bonne lecture !!!

Pouvez-vous nous faire votre présentation et celle de votre structure ?

Je me nomme Chérif Faty réalisateur spécialisé dans la fiction, je ne fais pas de documentaire et je réalise rarement des clips. Je suis par ailleurs leader d’un groupe qui se nomme CINEGAL PICTURES ; le nom vient de la fusion entre cinéma et Sénégal. Il a été créé depuis 2006 à Dieuppeul. CINEGAL est un club de productions cinématographiques qui évolue au Sénégal. Il est essentiellement composé de jeunes qui ont pour ambition de « révolutionner le cinéma sénégalais ». Dans ce club, acteurs et techniciens joignent leurs forces pour offrir au public des productions de haute facture.

La majeur partie du groupe est constituée de jeunes, 30 au total. On se retrouve chaque samedi ici et chaque année on tourne un nouveau film. On fait tout le temps des ateliers, des cours sur le cinéma après on met en place un projet de film.

Comment trouvez-vous la cité ?

J’habite ici depuis 2010 et je la trouve tranquille, agréable avec une population accueillante. J’ai l’habitude de dire à mes amis qui n’habitent pas ici que HLM GRAND YOFF est la capitale de l’image parce que j’ai entendu dire que GABY habitait ici LAYE PRO aussi, le groupe GELONGAL est là et je connais pas mal de techniciens de l’audio-visuel qui sont là .C’est vrai je ne me suis pas encore familiarisé avec les gens mais c’est un milieu adéquat pour travailler.

Parlez-nous du métier de réalisateur au Sénégal

Le métier de réalisateur est connu au Sénégal. Les plus connus sont les réalisateurs de télévision et les réalisateurs de clips vidéo. Mais le plus difficile C’est la réalisation de cinéma et malheureusement c’est ce secteur qui ne marche pas au Sénégal. Quand on débutait ce métier les gens avaient tendance à nous dire que sur le plan financier il ne fallait pas espérer grand-chose malgré les millions de franc qu’on entend dans le cinéma. Avant d’entrer dans le milieu, on a appris beaucoup de choses afin de connaître ses réalités et on a su que certains des films de nos aînés réalisateurs étaient produits par des structures occidentales et ces dernières en contrepartie, avaient une main mise sur le scénario. Ainsi les Sénégalais ne se voyaient pas trop dans ces films parce que les scénarios adoptaient plus la culture européenne. Ce qui a causé une séparation entre le public et les films sénégalais jusqu’à ce que ces derniers se rabattent vers le théâtre ou les téléfilms. Nous, à notre niveau, avons voulu procéder autrement en mettant en avant nos réalités. On travaille plus sur le net pour trouver notre public et on a vu que cela porte ses fruits.

cherif faty hlmgrandyoff

Combien de films avez-vous à votre actif ?

On a réalisé 8 films.

Parlez-nous de quelques-uns de ces films.

Parmi les films que l’on a eu à réaliser : « Kuntung », « colère des tambours », « Poussière d’espoir », « panique à domicile », « 4 fois zéro » qui a été primé au festival image et vie de Dakar en 2010, etc… Chacun de ces films fait preuve d’originalité.

Par exemple pour « poussière d’espoir », il s’agit d’un film qui rend un hommage aux victimes du bateau le Diola. Dans ce sens, il met en scène Marianne, une femme maltraitée qui, pour se libérer du joug marital se fait passer pour une autre. Cette autre est en fait, l’amour de jeunesse de Pape que ce dernier recherche désespérément depuis des années… De correspondance en correspondance, l’espoir renaît pour Pape et Marianne aperçoit enfin la lumière… Ce film n’est qu’un exemple d’ailleurs vous pouvez voir tous les films que nous avons réalisés sur notre chaine youtube « CINEGAL pictures ». Toutes nos productions y figurent vous pouvez les regarder comme ça vous aurez une idée de ce que nous accomplissons au quotidien.

Comment se fait-il que ces films ne soient pas connus du grand public ?

C’est vrai que nos films ne sont pas connus. Quand on réalisait notre premier film on croyait qu’on allait le vendre aux télés et gagner beaucoup d’argent(rires) mais on s’est rendu compte que la réalité était tout autre. En général les télés n’achètent pas de film, ils te disent d’aller trouver des sponsors. Aussi on constate qu’on privilégie plus les réalisateurs qui viennent des écoles occidentales, ce complexe nous rend la tâche difficile. Il y a des magouilles dans ce milieu et il faut y évoluer pour le savoir.

Qu’elles sont donc vos stratégies pour faire la promotion de vos films ?

Au fait on projette nos films pendant certains festivals. Mais pour plus nous faire connaître nous voulons habituer le public à venir chaque année à Sorano ou dans d’autres grandes salles pour projeter nos films en vue de faire leur promotion. On est aussi en pourparlers avec des télés de la place pour diffuser nos réalisations. Nous comptons aussi aller dans les écoles en organisant des soirées cinéma etc…

Quels sont vos projets ?

Faire des téléfilms car on s’est dit qu’il est temps d’attaquer les télés, faire des tournées scolaires vu que la majeur partie de notre public est constituée de jeunes.

Pensez-vous un jour faire quelque chose avec les structures de l’audio-visuelles du quartier ?

Bien sûr que oui, on pense à ça et on a en tête de collaborer avec GELONGAL même s’ils ne font pas du cinéma à 100%. Ces temps-ci on est en discussion avec eux pour voir ce qu’on peut faire pour HLM GRANDYOFF vu qu’on est voisin mais rien n’a été concrétisé c’est le temps qui nous fait défaut.

Parlez-nous de votre dernière production « KARINE »

Le film « KARINE » est un court métrage qui a été tourné en FEVRIER dernier à DIAMNIADIO. Nous avons réuni une somme au niveau du club et on est parti. On était au nombre de 20 dans une maison et on a tourné pendant trois jours. Le tournage se déroulait la journée. C’est vrai qu’on travaillait dans des conditions difficiles avec la chaleur mais la volonté nous a poussés à aller au bout. Le film s’est déroulé dans un bus qui était sur une mine et tout le monde se posait la question de savoir qui devait sortir ou pas. Dans le bus se trouvait une femme enceinte dont personne n’était d’accord pour qu’elle sorte car étant considérée comme double poids. Mais finalement c’est cette même femme enceinte qui sera la seule rescapée parce qu’après que tout le monde soit sorti du bus les rebelles s’étaient lancés à leur poursuite pour qu’il retourne dans le bus et par la suite ils ont fait exploser la voiture. Ce qu’on a voulu matérialiser dans ce film c’est le pouvoir de la vie car même si la mort se présente on doit mourir dans la dignité au lieu d’être lâche et de ne penser qu’à sa survie au détriment de telle ou telle autre personne.

Karine

Le scénario a été fait depuis 2 ans mais on n’avait pas les moyens de faire exploser la voiture. C’est par la suite qu’un de nos monteurs est parti faire des cours dans ce secteur pour qu’on puisse débuter le tournage. On avait proposé le projet à des producteurs qui croyaient que cela coûtait des millions de franc. Mais nous nous sommes toujours mis en tête qu’il était possible de faire quelque chose de grand à moindre coût et de ce fait il fallait que chacun de nous se sacrifie. Ainsi après avec les efforts de chacun, on remarque que ces coûts vont être accessibles. Et ce sera notre manière de fonctionner jusqu’à ce qu’on ait beaucoup de fonds dans notre caisse.

Votre mot de la fin

Je tiens à remercier tous les membres de notre groupe CINEGAL pour cette longue collaboration. Je vous remercie vous aussi, je suis vraiment honoré de cet entretien. Je vois que vous êtes des jeunes ambitieux parce que créer un site internet n’est pas évident. Ce qui fait sa particularité est qu’il participe à la promotion des jeunes artistes comme nous, choses dont nous avons besoin. Je vous souhaite le meilleur. Merci

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